Mire

Bois, vis, métal,
Fût : 1,20 x 0,70 x 20 mètres,
Sphère : 1,70 x 1,70 x 1,70 mètres,
2018

Création spécifique sur la place de l’Enfer et le chemin du Treiz à Douarnenez – Port-Musée.
Festival d’art contemporain Arts à la Pointe – 17ème édition – Pays de Douarnenez, Cap-Sizun et Haut Pays Bigouden.

Mirer, pointer, focaliser sur un point, une visée.
Se fixer un objectif, un point de mire. Se donner une
direction, un cap à atteindre… Une ligne.
Orienter le regard… et contraindre le corps.

C’est ce que ce grand fût couché produit. Placé sur cette
place de l’Enfer, il oblige au détour pour traverser cet espace.
Il coupe, par sa ligne ce lieu ouvert. Pour autant il nous
pousse à aller plus loin… de l’autre côté… sur l’autre rive,
cet ailleurs dont l’eau nous sépare.
Le regard se plaçant à l’extrémité du fût et pointant l’autre
rive permet de relier ce que le corps ne peut pas atteindre,
ne peut pas être touché dans l’immédiat. L’expérience n’est
pas complète. Ce qu’il y a sur l’autre rive n’est alors pas
totalement vérifiable (sauf par le déplacement). On voit,
on fixe, on se projette, mais un manquement persiste. Le
corps doit alors se déplacer pour rejoindre l’autre rive.
Mais l’histoire se répète une fois la traversée effectuée. Ainsi
ces deux bords ne peuvent jamais s’appréhender au même
moment, dans un seul instant. Ils sont à la fois indissociables
et insaisissables. Se renvoyant la balle sans cesse. Passant
de l’un à l’autre.

L’oeil lui nous permet au travers de cet élément massif mais
creux d’atteindre l’autre bout, butant sur cette sphère. Ainsi
reliés, les deux éléments dialoguent, fusionnent. L’optique les
fait correspondre mettant l’un à l’intérieur de l’autre. La sphère
remplit alors ce tube. Comme si elle en était la substance
manquante. Ce vide, cette matière absente de l’intérieur de
ce grand tronc serait-il contenu dans cette boule? Cette sorte
de mât couché et cette sphère formeraient alors qu’un seul
élément séparé ici en deux points géographiques.

Le cœur, dissocié de son contenant, se retrouve alors projeté
à l’extérieur. Sorte d’extraction se jouant du corps et du
regard. Une sorte de tromperie par cette mise à distance, une
mutation ; s’opposant ainsi l’un à l’autre, se faisant face, dans
une relation ambiguë. L’un rectiligne et anguleux, l’autre
courbe et lisse.
Résumé en une ligne et un cercle, tout serait contenu dans
le trait…



Dessin d’intention Mire, 21 x 29,7 cm, 2018.
Combinaison de deux vues. Vue de dessus en haut à droite.

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