L’Outre Douve

Bois brûlé, vis,
Dimensions variables, (jusqu’à 9 mètres, de hauteur)
2021,

Création spécifique au Château-Musée de Saint-Germain de Livet – Lisieux agglomération. Carte blanche pour investir le pré derrière le château, de l’autre côté des douves.
Œuvre réalisée du 4 Mai au 4 juin 2021. Dépôt de l’artiste.

Ce projet s’inspire d’une forme tirée du Château de Saint-Germain de Livet.
En effet, un élément constitutif de ce bâti est un damier alternant blocs de pierres et blocs d’assemblages de briques.

Ainsi cette spécificité à la fois esthétique, constructive et structurante est réutilisée et amplifiée. Cet amoncèlement de carrés constitue alors une grille, une trame qui est mise en volume et donne lieu à une construction où le cube étalonne l’ensemble. Se substituant alors aux blocs de pierres et aux briques, ces cubes (vides) deviennent donc les éléments structurels de cette nouvelle architecture.

Cette création en bois convoque aussi le colombage qui caractérise aussi l’architecture du château. Une présence visuelle forte de lignes se fait donc entre le damier d’une aile et la répétition verticale du colombage de l’autre aile.
Un parallèle se fait avec la troisième aile manquante du château qui ouvre la vue de la cour intérieure, vers la prairie à l’arrière du château.

L’architecture absente est donc suggérée par ce nouveau damier posé par-delà les douves, comme si un décalage avait fait réapparaitre cette aile mais pas tout à fait à sa place et pas tout à fait telle qu’elle était.

Une grille géante, voire une cage, s’érige avec sa géométrie forte, dense, presque autoritaire par ses proportions et son aspect (noir). Ce nouveau bastion fait maintenant place et se dresse dans ce lieu vierge… à un détail près que cette nouvelle place forte se voit en partie déconstruite. Ces blocs se désaxent, se déchaussent, s’affaissent, dégringolent…

Cette construction si régulière s’effrite, ces cubes si structurants et leurs assemblages si ordonnés basculent et donnent lieu à des amoncellements où les angles saillants se confrontent, se percutent et pointent dans des obliques et des positions instables. Des sortes de chaos de blocs se créent alors laissant l’architecture glisser vers la ruine, vers une autre loi où la notion de temporalité est mise en question. Certains éléments paraissent même s’enfoncer ou émerger du sol. Mêlant ainsi la chute et l’érigé, la force présentielle et la disparition…

Le bois brûlé mène cette nouvelle construction à la fois sur la force de présence de ces lignes noires dans le paysage et sur cette transformation de la matière. La consumation interroge l’avant et l’après de l’objet calciné. Le bois utilisé pour la construction, glisse vers le carboné, le minéral des chaos rocheux et d’éléments
gisants du sol.