Derrière les Barreaux,
Entre les Roseaux

Bois de Châtaignier, vis
Dimensions variables (jusqu’à 7 m de hauteur),
Dépôt de l’artiste – Maison de la Baie d’Audierne,
Etang St Vio – Tréguennec – Finistère,
2023

Création spécifique pour
la Maison de la Baie d’Audierne.

Cette installation artistique de Simon Augade propose un principe de dissimulation et une possibilité d’observation de la faune et du paysage à travers ce dispositif tout en verticalité et en oblique. Il s’inspire d’une dualité d’éléments naturels – les roseaux au voisinage de l’œuvre, faisant rempart entre la rive et l’eau- et de l’architecture massive et monolithique du Concasseur, construit par les Allemands à proximité du site.

La forme de l’œuvre associe les blocs architecturaux du bâtiment, sortes de silos creux, attachés à l’Histoire humaine, àces zones barrières formées d’amas de tiges creuses que sont les roselières. Tout cela dans un principe de densité, à la fois massif touffu mais également élancé et ajouré. Cette construction jouant de la claire-voie, permettant de voir sans être vue, doit être arpentée, expérimentée, éprouvée. Trouver sa place dans ce fatras de lignes permettra peut-être de toucher du regard l’espace plan et dégagé de l’étang.

Ce projet engage plusieurs facettes où la relation nature/ culture est interrogée.
L’humain proliférant et étendant sa présence, des zones de protection ont dû être pensées pour préserver de petites parcelles de nature.

Ainsi, des enclaves de nature sont défendues et surveillées, car non maitrisées comme l’Homme aime formaliser ses espaces, en les clôturant par exemple. Ici, le rapport s’inverse. L’humain se retrouve dans une zone contrainte, encombrée, exiguë, pour enfin avoir accès au « monde sauvage ». Il se retrouve alors dans ces grandes colonnes, , dont les barreaux ajourés jouent un rôle ambigu de protection et d’enfermement.

Le principe d’habitat et de la relation intérieure/extérieure sont repositionnés par cette architecture « cassée », en déclinaison, reflétant le bâti humain, face à l’habitat du « sauvage » ouvert, dégagé, sans bornes visibles, autres que ceux qu’offrent le paysage et l’environnement existant.

Le civilisé se retrouve ainsi « mis en cage », dans cette architecture se retournant sur lui… pour voir l’envol sur l’étang. Le sujet contraint n’est alors plus cette nature cernée par l’Homme, mais l’Homme lui-même mis ici dans une position de regardeur, mis à distance derrière ces palis architecturés, tel un voyeur de ce qu’il aurait perdu de vue…

Les notions de frontière et de franchissement sont donc convoquées à travers cette sculpture qui questionne l’usage, le corps et la relation de l’Homme avec sa dite maîtrise de la transformation et son environnement dans une expérience directe et symbolique.



Derrière les Barreaux, Entre les Roseaux,
Dessin préparatoire, 13 x 20,5 cm, 2022.