Création spécifique pour le
Musée des Amériques d’Auch.

Ce projet s’empare de deux histoires du lieu : le bâtiment, son cloître maintenant invisible dans sa situation originale et l’histoire des cultures précolombiennes abritées dans le musée en s’attachant notamment à certaines techniques telles que le tuilage des plumes ou le maillage de certains matériaux ainsi que la notion de dualité, d’une chose et de son pendant.

Une dimension temporelle est donc présente. La disparition et la fouille, la découverte, et la mise au regard dans le même espace. Croisement de cultures et hybridité sont là, exprimant une histoire de l’Humanité.

Ici une forme architecturée paraît comme suspendue entre deux états. Émergeant ou s’affaissant, ces éléments pourraient être assimilés aux colonnades d’une cour carrée telle celle d’un cloître ou d’un ancien temple… une construction d’un temps passé, un vestige aux lignes fortes, raides où la droiture, la verticalité et l’horizontalité sont rejouées dans des obliques dynamiques créés par le caractère brisé, chu, de cette grandeur en ruine.

Cette apparition aux formes autoritaires et anguleuses se voit colonisée par des entités presque organiques, courbes, plus brutes voir sauvage, soutenant parfois la structure en déclin. Sortes d’essaims, ces masses s’agglutinent et épousent l’hôte

sur lequel elles se greffent. A la manière d’un tuteur qui guide, maintient mais peut aussi contraindre, la question d’une forme d’interdépendance se pose. Comme si le rapport nature/culture inhérent à la condition humaine se voyait là mis en situation par l’intrication d’une partie construite, géométrique et d’une autre, comme son pendant, venant d’un « outre- monde », forme d’un autre temps presque vivante, originelle.

Ces deux sujets visiblement distincts sont fait tous deux d’une essence de même nature, le bois. Ainsi, l’un poutre, l’autre dosse (aubier et écorce) rassemblent à eux deux la partie intérieure et extérieure d’un arbre… comme si la peau, la carapace, cherchait à recouvrir à reconquérir son cœur équarri, dénudé.

Entre envahissement et cohabitation, parasite et symbiose, porteur et porté on ne sait pas bien qui prend le pas sur l’autre car les deux présences fusionnent tout en jouant d’oppositions.

Ainsi un phénomène de confrontation, de dualité apparaît, sans pour autant pouvoir définir le rapport de force. Une domination qui s’inverserait comme une reprise de position, ou un glissement dans l’ordre des choses… questionnant le cycle et l’origine des choses… Qui était là avant ? L’une de ces deux entités est-elle la cause de disparition de l’autre… ou ce qui la révèle?

Dessins préparatoires Colonies, A4, 2023